Argumentaire scientifique

Les violences sexuelles et sexistes constituent un problème social majeur dont l’incidence et la prévalence sont largement sous-estimées dans les données officielles (Benbouriche & Parent, 2018 ; Vanier & Langlade, 2018). À titre d’illustration, alors qu’environ 44 000 plaintes ont été déposées pour violences sexuelles en France en 2017, l’enquête de victimation de l’INSEE révèle qu’au moins 346 000 personnes ont été victimes de violences sexuelles sur la même période – sans que ce chiffre n’inclut les personnes mineures ou que toutes les personnes victimes aient décidé de signaler les violences subies lors de l’enquête (État 4001- « Traitement Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales). Toutefois, les données internationales issues des enquêtes et études de victimation convergent et suggèrent qu’au moins une femme sur cinq serait victime de violences sexuelles au cours de sa vie (voir par exemple, Krebs et al., 2007; ou en France, Bousquet et al., 2016). Par ailleurs, si les études disponibles indiquent que les taux de victimisation des hommes sont généralement inférieurs, ces derniers devraient également être reconnus comme des victimes de violences sexuelles (Breiding et al., 2014 ; Lowe & Rogers, 2017).

Les conséquences, aussi bien humaines que sociales, sont considérables. Outre des problèmes de santé, physique et mentale, chez les victimes (Thurston et al., 2018 ; Trickett et al., 2011), le coût des violences sexuelles apparait également particulièrement important (qu’il s’agisse par exemple de coûts relatifs aux systèmes de Santé, de Justice ou aux difficultés à réinvestir la sphère professionnelle) (OMS, 2014). Par ailleurs, des données récentes soulignent l’impact des violences sexuelles sur des dimensions relatives à la parentalité (Testa et al., 2011 ; Trickett et al., 2011), suggérant de possibles conséquences à long, et très long, terme (voire « transgénérationnelles », Noll et al., 2009) et soulignant la nécessité de considérer les violences sexuelles comme un problème de santé publique. 

Au regard de la prévalence des violences sexuelles, et de leurs multiples conséquences, il est indispensable d’en proposer une lecture interdisciplinaire afin d’une part, de comprendre et mieux prévenir les violences sexuelles ; d’autre part, développer et proposer une prise en charge à même d’accompagner les victimes, et les auteurs, de violences sexuelles.

Le groupe d'études transversal sur les violences sexuelles et sexistes s’inscrit dans la continuité du projet PIVIO soutenu par la MESHS et qui avait pour objectif de développer la recherche interdisciplinaire en SHS sur les violences sexuelles dans la région Hauts‐de‐France